Contexte

Durant les périodes anciennes, le fer est produit à l’état solide dans un bas fourneau. La transformation des masses de métal brut en objet fini se fait par déformation à chaud. Ces travaux sont réalisés avec un outillage simple (marteau, enclume et pinces) et produisent des déchets spécifiques (scories en calotte, battitures et chutes métalliques). L’identification de ces résidus par les archéologues et l’établissement de méthodes d’analyse adaptées à leur interprétation sont relativement récents. Développés dans les années 1990 et jusqu’au début des années 2000, les protocoles de détermination et d’étude de ces déchets sont maintenant couramment appliqués dans le cadre de l’archéologie programmée comme préventive. La sensibilisation de la communauté scientifique à ces vestiges artisanaux, souvent modestes, a entraîné une multiplication des signalements. Pourtant, ces découvertes – et les études spécialisées qui en découlent – ne sortent que très rarement du cadre des rapports d’opération et les publications manquent pour établir un bilan des connaissances acquises sur les étapes dites de post-réduction de la chaîne opératoire sidérurgique. L’objet du colloque qui se tiendra à Tours en juin 2026 est donc de réunir et de publier des études de cas ainsi que des synthèses sur la transformation du fer à travers le temps, des origines jusqu’à la révolution industrielle en Europe de l’Ouest, tout en proposant un retour critique sur les méthodologies employées tant sur le terrain qu’en laboratoire.

 

Attendus du colloque

Sont attendus pour ce colloque des communications et des posters présentant des études de cas ou des synthèses sur les travaux de post-réduction concernant les périodes allant du premier âge du Fer à la fin du Moyen Âge en Europe de l’Ouest. Des interventions méthodologiques sur des contextes appartenant à d’autres aires chrono-culturelles peuvent également être proposées à titre de comparaison. Les présentations devront répondre à l’un ou à plusieurs des thèmes développés ci-dessous.

 Thème 1 : Caractérisation des structures et outils liés au travail du fer

Il s’agira de présenter des approches de terrain permettant de mettre en évidence des aménagements liés à la transformation du fer (sol, foyer, enclumes, tuyères etc.) ainsi que des outils spécifiques à cette activité. Les méthodes présentées pourront concerner aussi bien la prospection que les sondages (diagnostic) ou la fouille ainsi que les études de mobilier (typologie des objets). L’objectif est de préciser les démarches à adopter en fonction des contextes (conservation ou non des niveaux de sols, présence exclusive de micro-déchets, rejets etc.).

 Thème 2 : Détermination des travaux réalisés

La réflexion sera également portée sur les critères de détermination des travaux réalisés au sein des ateliers. Ceux-ci sont généralement fondés sur le croisement de données qualitatives issues de l’examen et de l’analyse des résidus mis au jour. Les typologies utilisées par chacun, tout comme l’interprétation des analyses de composition chimique et les observations au microscope, ne sont toutefois pas sans équivoque. Des présentations détaillant les approches méthodologiques usitées ou montrant les limites de ces approches sont attendues.

 Thème 3 : Insertion des activités de post-réduction dans l’économie

Le discours pourra être élargi à l’intégration des activités sidérurgiques dans l’économie du site qui les accueillent (établissements ruraux ou agglomérations) ou plus largement dans le réseau local ou régional. Cette mise en perspective pourra notamment prendre en considération les zones de production du fer initiale ; l’approvisionnement en combustible ou en autres matières premières mis en œuvre (os, cornes, cuir etc.) ; et la destination des objets confectionnés ainsi que leur mode de diffusion. L’objectif est ici de disposer de données sur l’importance de la production, sa finalité et sa structuration.

 Thème 4 : Approche comparative (archéologie expérimentale et éthnoarchéologie)

 Enfin, une approche comparative est vivement souhaitée. Celle-ci pourra être fondée sur des retours d’expériences d’archéologie expérimentale, sur la collaboration entre archéologues et artisans œuvrant de nos jours ou enfin sur des observations ethnoarchéologiques. La tenue de démonstration venant à l’appui des présentations orales ou de posters est envisagée sur une demi-journée du colloque. Celle-ci sera organisée en fonction des propositions reçues.

 

Comité d'organisation

Florian Sarreste (Éveha – UR 15071 HeRMA), Solène Lacroix (Éveha – UMR 7324 CITERES – LAT), Matthieu Gautier (CD37, SADIL - UMR 7324 CITERES – LAT), Jean-Marie Laruaz (CD37, SADIL - UMR 7324 CITERES – LAT), Sylvie Crogiez Pétrequin (Université de Tours – UR 6298 CeTHiS) et Judikael Arnoux-Dougnac (Éveha).

 

   

Nouvelles approches méthodologiques en archéologie du fer - Un colloque en deux temps

Près de vingt ans nous séparent du dernier colloque dédié à la sidérurgie ancienne, centré alors sur l’époque protohistorique (colloque AFEAF de Toulouse en 2004). La discipline a depuis profondément évolué tout en renforçant son ancrage nécessairement interdisciplinaire. Ainsi, la « paléométallurgie » a récemment été reconnue comme spécialité à part entière dans le domaine de l’archéologie préventive. Longtemps négligés, les déchets sidérurgiques sont à présent systématiquement pris en compte lors des fouilles.

Le dynamisme de l’archéologie du fer transparait à travers les nombreuses publications monographiques, articles spécialisés, ou encore par la tenue régulière de séminaires et tables rondes thématiques. La vitalité de ces recherches justifie ainsi la tenue d’un colloque portant sur l’ensemble de la chaîne opératoire de production du fer, afin de dresser un bilan plus général des travaux récemment conduits, tout en discutant des nouvelles avancées méthodologiques.

De l’extraction du minerai, à la réduction du métal et la mise en forme d’objets, l’ampleur de la thématique justifie l’organisation d’un colloque en deux volets. Le premier, dédié à l’étude des espaces de production du fer brut dans leur environnement, se tiendra en 2025 à la MSHE de Besançon. Le second, consacré à la transformation du métal jusqu’à l’objet fini, sera organisé en 2026 à l’université de Tours. Deux appels à communication distincts seront ainsi publiés successivement. L’ambition est de proposer un temps d’échange associant spécialistes, familiers ou novices, et de publier les actes en libre accès afin de proposer un nouveau point d’étape de cette discipline en constant renouvellement.

Coordination : Marion Berranger (IRAMAT, UMR7065, CNRS), Solène Lacroix (Eveha, UMR6173, Citeres-LAT), Marc Leroy (IRAMAT, UMR7065, MC), Florian Sarreste (Eveha, UR 15071 – HERMA)

Personnes connectées : 1 Vie privée | Accessibilité
Chargement...